Fermeture d’entreprise : Comment accompagner le chef d’entreprise ?

Quand on parle d’entreprise, les premiers mots qui nous viennent à l’esprit sont : création, développement, croissance, performance ou management. On a tendance à occulter la fin du cycle que représente la fermeture, à ne pas vouloir s’en occuper ou à traiter ce sujet rapidement pour en finir au plus vite. On pourrait aussi ne réfléchir qu’aux conséquences économiques ou financières que cela engendre. Puis on pense à la gestion des collaborateurs, de leur devenir.

Celui ou celle dont on se préoccupe moins, et qui joue pourtant un rôle déterminant dans cette étape, est le chef d’entreprise. Le dirigeant se retrouve très souvent démuni face à la complexité, l’inconfort et l’angoisse générée par une décision difficile à prendre et surtout à appliquer. En effet, les pensées qui surgissent alors sont liées à l’anxiété, la peur, le stress, et parfois même à un sentiment de honte ou d’échec. Bien entouré, un dirigeant responsable pourra influer de manière significative et positive sur ce processus complexe.

Ainsi, lors d’une fermeture d’entreprise, pourquoi est-il important d’accompagner en priorité le dirigeant ? Comment mener son entreprise, ses collaborateurs et ses partenaires à bon port sans compromettre la qualité des relations professionnelles ? Cet article tentera d’explorer ces questions et de proposer quelques clés de réponse.

Accompagner le dirigeant avant tout

Le chef d’entreprise – notamment s’il est créateur de son activité – nourrit un lien intime entre son travail et lui-même. La séparation avec son entreprise peut être vécue comme un véritable moment de rupture. On entre ainsi dans un processus anxiogène, long et décourageant. Bien entendu, plusieurs cas de figures peuvent se présenter. Selon la situation, l’appréhension de la fermeture de l’entreprise sera totalement différente :

• Une cessation d’activité volontaire : un départ à la retraite sans souhait de cession, ou sans avoir pu trouver le repreneur convenable pour l’entreprise.
  
• Une cessation d’activité contrainte :
  
  • Des difficultés en interne (gouvernance, management), des difficultés financières insurmontables, l’absence ou la faible rentabilité malgré les efforts menés. La fermeture d’entreprise peut également s’avérer inévitable en cas de problèmes personnels ou familiaux du propriétaire nécessitant cette prise de décision.
    
  • Des facteurs externes : un changement majeur dans l’industrie ou le marché rendant l’activité de l’entreprise non viable, l’incapacité à maintenir un niveau de qualité ou de service satisfaisant pour ses clients.

Il est donc important de s’entourer d’experts dans les domaines juridiques, financiers, fiscaux, communication et stratégie d’entreprise pour explorer toutes les options disponibles.

L’impact émotionnel lié à ce processus ne peut pas non plus être négligé, quel que soit le cas de figure de la cessation d’activité.
Bien accompagné, le chef d’entreprise se donnera les meilleures chances pour prendre les décisions les plus adéquates pour l’entreprise et ses parties prenantes : rassurer ses collaborateurs, ses clients et le marché.

Quelques pistes pour garder le cap lors d’une fermeture d’entreprise

1 – La prise de responsabilité du chef d’entreprise, une condition indispensable

Pour le dirigeant, il n’est certainement pas temps de ranger son costume professionnel. Bien au contraire, dans cette étape inconfortable qu’est la cessation d’activité, le chef d’entreprise se doit d’endosser ses responsabilités, de fixer un cap et d’engager toutes les parties prenantes. Il sera de son ressort de gérer tous les interlocuteurs internes en se posant comme support, soutien et référence à chaque étape.
Cependant, il est important de souligner également son obligation de moyens plutôt que de résultats. I ne peut être tenu responsable d’éléments extérieurs, hors de son contrôle :

• Combien de temps prendra la liquidation des actifs ?
• Comment mettre en place des actions de transition professionnelle pour les collaborateurs afin de les aider à retrouver un emploi ?
• Quelle stratégie de communication en interne ? avec le réseau professionnel ? sur le marché ?
• Combien de temps prendra le deuil de l’entreprise pour son fondateur ?
  Apporter un soin au maintien de relations interpersonnelles malgré l’inconfort de la situation ne garantit pas que tout se passera bien. En revanche, ce sera fondamental pour que le processus se déroule au mieux.

2 – Prouver son engagement envers le bien-être et la santé de ses collaborateurs

Il n’est plus à démontrer l’importance de prouver son engagement envers le bien-être de ses employés tout au long de la vie de l’entreprise. Il est tout aussi capital de maintenir ses engagements lors d'une fermeture, et cela pour plusieurs raisons :

• Responsabilité sociale : Les entreprises ont une responsabilité sociale envers leurs collaborateurs. Ces derniers se sont engagés, ont contribué à leur succès et ont été parfois fidèles pendant de nombreuses années. Prendre soin de ses collaborateurs, même dans les moments difficiles, est une reconnaissance de cette responsabilité
• Marque employeur : La manière dont une entreprise traite ses collaborateurs, dans des situations aussi délicates qu’une cessation d’activité, peut avoir un impact significatif sur sa réputation et son image de marque. Un traitement respectueux et attentionné des collaborateurs peut renforcer la confiance et la bonne réputation à long terme envers le dirigeant et ses équipes, notamment pour la création d’autres projets professionnels ou la reconversion professionnelle de certains vers d’autres secteurs.
• Impact sur l’entourage : La fermeture d'une entreprise peut également entraîner des répercussions sur toute la communauté locale, l’entourage familial et pas seulement sur les salariés directement concernés. En démontrant un engagement envers le bien-être des collaborateurs, l'entreprise manifeste également un engagement plus large envers la société.
• Renforcer les liens : Prendre soin de ses collaborateurs pendant une période critique peut générer un retour positif, tel que le maintien de bonnes relations avec d’anciens salariés, des recommandations favorables et même éventuellement le recrutement de certains de ces collaborateurs dans de futurs projets ou entreprises.

Finalement, faire preuve d’attention au bien-être de ses équipes au même titre que la gestion économique, juridique et financière durant la fin de cycle d’une organisation peut s’avérer positif sur un plan moral. Cela peut également générer des avantages concrets en termes de réputation, de repositionnement professionnel pour les salariés et de conduite de nouveaux projets pour le chef d’entreprise.

3 – Communiquer avec authenticité

Lors d’une fermeture d’entreprise, la stratégie et la gestion des communications est cruciale. Il est recommandé d’être à la fois transparent et empathique tout en clarifiant tous les éléments conduisant à cette prise de décision difficile.

Ainsi, l’annonce de la fermeture devrait se faire rapidement en interne afin d’éviter les fuites ou que les collaborateurs n’apprennent la nouvelle de l’extérieur. Laisser de la place aux suppositions et aux conversations de couloir ne fera que renforcer doutes, méfiance et inertie. L’explication claire et objective des raisons qui ont menées à cette décision est également primordiale pour éviter de reporter la responsabilité du manque de performance de l’entreprise sur les collaborateurs.
Enfin, il sera primordial de fournir des informations concrètes sur les prochaines étapes, de proposer du soutien aux collaborateurs qui le souhaiteraient et d’offrir un temps disponible d’échanges pendant cette période difficile.

Une communication menée avec authenticité, pragmatisme et humanisme sera révélatrice du soin et du respect apportée par la direction à ses équipes pour gérer ce processus.

Conclusion

Tout comme la gestion de crise, envisager la fin d’une aventure entrepreneuriale n’est jamais aisé. Cependant, la mise en œuvre de cette étape s’avère être un véritable révélateur de leadership ! Face au poids des responsabilités à gérer, à la peur de l’échec et l’anxiété induites par la fermeture de son entreprise, le dirigeant aura besoin :

• d’être accompagné sur toutes ses problématiques stratégiques et humaines au même titre que juridiques, financières, fiscales, commerciales et de communication.
  
• d’être entouré par sa famille, ses amis et son réseau professionnel.
  Concrètement, il est donc difficile d’envisager ce processus sans préparation, accompagnement et soutien. Finalement, la fermeture d’une entreprise est un processus normal : on pourrait la comparer à l’arrivée à destination, après un long voyage.

“Rien n’est permanent dans ce monde, pas même nos problèmes" disait Charlie Chaplin. On peut tout à fait se sentir satisfait d’avoir pu mener à bien un processus complexe, d’arriver à bon port et d’envisager un nouvel horizon. Les questions qui se poseront alors seront d’une nouvelle nature : Comment rebondir et dessiner les perspectives d’un nouveau périple ? Quelles seront les prochains projets à mettre en place? Quelles seront les nouvelles perspectives de vie ? Affaire à suivre….

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Publié initialement sur :  Mag RH N°26